En cette rentrée 2025, en tant que coordonnatrice pour les viandes de veau et d’agneau je prends des nouvelles de nos éleveurs normands du GAEC Le Vent des Marais qui ne m'en avaient pas donné depuis des semaines (fait inhabituel qui m'a inquiétée).

Et ces nouvelles ne sont vraiment pas bonnes !
Leurs troupeaux ont été lourdement touchés par la FCO.
 

C'est quoi la Fièvre catarrhale ovine (FCO) ?

La fièvre catarrhale ovine (FCO), également appelée maladie de la langue bleue ou en anglais « blue tongue » (BT), est une maladie virale touchant les ruminants domestiques (ovins, bovins, caprins) et sauvages. En France, trois sérotypes sont présents : les BTV8, BTV4 et, depuis le mois d’août 2024, le BTV3.
Elle est transmise par des insectes piqueurs du type Culicoïdes (moucherons).
Les symptômes les plus courants sont : fièvre, troubles respiratoires, salivations, œdème de la face, cyanose de la langue.

Cette maladie strictement animale n’affecte pas l’homme et n’a aucune incidence sur la qualité sanitaire des denrées (viande, lait, etc.). Toutefois, ses répercussions économiques peuvent être importantes, directement (les animaux infectés peuvent présenter des signes cliniques) ou indirectement (par la fermeture de marchés étrangers).

En savoir plus (sur le site du Ministère de l'Agriculture) 
 

Le point sur l’état des troupeaux de bovins et ovins de la ferme.

(Récit d’Aurélie) 

<< Au niveau des vaches nous avons eu des avortements, un veau qui est né un peu prématuré et qui nous a fait beaucoup de souci les premiers jours de sa vie (heureusement à présent il va très bien et est sorti d'affaires). 
Par contre au niveau du cheptel ovin nous avons eu une grosse perte d'état général, beaucoup de cas avec de la forte fièvre (41°C et plus) et pour autant les animaux n'étaient pas forcément abattues. De la boiterie, gonflement du visage, nez qui coule, grincement de dents, perte d'appétit, avec des animaux qui des fois n'ont plus mangé pendant plusieurs jours. Nous avons paré à tout cela avec des anti-inflammatoires et des antibiotiques. Nous avons malheureusement perdu deux brebis ainsi qu'un bélier. [un second bélier est mort le 27 septembre]. 
Les pertes ne sont pas énormes en termes de mortalité mais autant te dire que nous avons eu beaucoup de bêtes malades et donc qui ont beaucoup maigri, d'autres asymptomatiques.
Pour les agnelages, nous craignons qu’une certaine quantité de brebis risque d’être vides, et que celles qui sont gestantes ne soient pas en état d'élever leurs petits. 
Nous y avons passé bien évidemment beaucoup de temps, beaucoup d'heures afin de décrypter les moindres premiers petits symptôme (parfois un léger grincement de dents, des oreilles un peu plus basses, une tête basse, un gémissement) et sur les cas en question, à chaque prise de température en effet nous avions de la fièvre (les deux brebis que nous avons perdus malheureusement elles n'avaient pas de fièvre ...comme quoi tout compte fait nous sommes contents que les autres en ait eu car nous avons pu les sauver). Nous avons bien évidemment fait venir le vétérinaire déjà pour euthanasier une des deux qui n'allait pas bien du tout (comme en mort cérébrale mais au final elle avait encore des réactions, elle était malheureusement insauvable et nous avons préféré abréger ses souffrances par l'intermédiaire du vétérinaire). >>
 

Les incidences sur la poursuite de l’élevage pour des agneau en bio ?

Les nombreuses naissances d’agneaux prématurés ou affaiblis a obligé nos éleveurs à s’occuper énormément d’eux tous : beaucoup d’heures de travail de jour et de nuit pour les surveiller, les alimenter en complément ou à la place des brebis, ce qui entraine une énorme fatigue physique du couple.
Et le prix de revient des agneaux dans ces conditions explose. En effet au niveau des charges (les tarifs en bio que ce soit pour la poudre de lait, les céréales, les minéraux et autres sont excessivement chers et de plus en plus cher).

 

Aurélie témoigne : << Nous avons essayé de négocier avec notre marchand de granulés bio pour négocier les prix, revoir une autre formule, voir avec des céréaliers pour faire des échanges et autres, de façon à réduire les coûts le plus possible. Mais rien à y faire.>>
Et encore : << émotionnellement c'est de plus en plus difficile pour moi d'en perdre, nous nous sommes retrouvés face à la triste réalité que nous nous démenons trop avec l'atelier ovins pour au final ne pas gagner grand-chose les bonnes années et être en négatif les mauvaises années (comme l'année dernière).>>
 

Une terrible décision à prendre bientôt

Aurélie pose l’analyse ainsi : << Soit nous arrêtons totalement l'atelier ovin, soit nous continuons les moutons en réduisant le nombre et en repassant en conventionnel.>>
Leur décision n’est pas définitivement prise pour les ovins et la production d’agneau, mais ils vont devoir se décider vite de l’avenir de cette branche de leur élevage.
 

L’AMAP se doit de les soutenir

Nous restons en contact étroit avec eux pour les soutenir, au moins moralement et nous vous donnerons des nouvelles dès que possible.
Vous pourrez venir échanger avec eux lors de la prochaine livraison de viande de veau le jeudi 20 novembre 2025. Ils ont bien besoin de notre soutien et nos encouragements.
Notre soutien peut aussi passer en maintenant un bon volume de commandes de l’excellente viande de veau qu’ils nous proposent cet automne encore !
 
Françoise Trubert / Coordonnatrice viandes de veau et d’agneau
 

PS : autres grandes tristesses et difficultés pour nos éleveurs :

  • la sécheresse a aussi touché leur territoire dès la fin juin : ils déplorent un gros manque de récolte de foin et enrubannage. Ils avaient du stock de foin de l'an dernier...  Ils vont tenter de refaire une coupe d'enrubannage dans les prochains jours, mais ça ne suffira pas pour aller normalement jusqu'à l'été prochain.
  • la maladie n'a pas touché que les bovins et ovins, mais aussi parmi leurs autres animaux des chèvres !
  • leur vache fétiche, la doyenne des troupeaux, Somalie, leur première vache, âgée de 24 ans... est morte. À cause de son grand âge certes, mais aussi sans doute fatiguée par une attaque de la FCO elle aussi.


Somalie

RE-LIRE le reportage : Aurélie et Jean-Philippe Mournaud : portraits d’éleveurs passionnés